Rencontre sportive nationale au camp d’Aïda : un réseau qui grandit malgré les murs
- Anwar Mabrouk
- il y a 6 jours
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Dans le cadre du projet « Sport pour toutes et tous », la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT), en partenariat avec les comités populaires des camps d’Aïda et d’Al-Amari, ainsi que les municipalités françaises de Grenoble, Grigny et Stains, a organisé une rencontre sportive nationale dans le camp de réfugié.es d’Aïda.
Malgré les difficultés de déplacement liées à l’occupation militaire, les checkpoints et les fermetures de routes, seize animatrices et deux animateurs de Battir, d’Aïda et d’Al-Amari ont réussi à se retrouver pour animer ensemble une journée dédiée à la pratique sportive des jeunes filles. Soixante enfants, toutes âgées de 6 à 12 ans, ont participé à cet événement, qui proposait deux activités principales : l’ultimate, déjà connue de certain.es animateur.ices, et le volley-ball, que les animatrices d’Aïda découvraient pour la première fois. Les enfants, réparties en petits groupes, ont tourné entre les différents ateliers animés collectivement.

Cette journée a marqué une avancée importante dans la structuration d’un réseau national d’animateur·ices palestinien·nes engagé·es dans la construction d’un sport émancipateur. En réunissant des équipes issues de contextes très différents, elle a favorisé de réels échanges de pratiques: sur les disciplines elles-mêmes, sur les approches pédagogiques, sur la place des filles dans les activités, ou encore sur les outils permettant de sécuriser et valoriser la participation des plus jeunes. À Al-Amari et Battir, les équipes sont mixtes et encadrent des enfants de 10 à 14 ans, filles et garçons. À Aïda, les animatrices interviennent exclusivement auprès de jeunes filles de 6 à 12 ans. Ces différences ont nourri les discussions tout au long de la journée, avec un souci partagé d’adapter les contenus aux réalités locales.
Dania, l’une des animatrices, a témoigné : « Ce type de rencontre est une belle opportunité pour découvrir d’autres façons de faire, apprendre les unes des autres, et renforcer les liens entre nous. » Bara’a a ajouté : « Il y avait une vraie harmonie dans l’équipe, on s’est facilement partagé les idées et les activités, et cela s’est reflété dans l’engagement et l’enthousiasme des enfants. »

Cette rencontre nationale devait également inclure d’autres territoires partenaires du projet, comme Jénine, Qalqilya, Tulkarem ou le camp de New Askar. Mais les conditions de déplacement dans le nord de la Cisjordanie, très dégradées, n’ont pas permis leur participation. Un nouvel événement national est prévu pour l’été, avec l’espoir de pouvoir enfin réunir toutes les collectivités engagées.
Ces rencontres renforcent l’appropriation du projet par les acteurs locaux, tout en garantissant la pérennité d’un cadre d’échange et de formation pour les années à venir. Elles posent aussi les bases d’un modèle de politique sportive locale participative, ancré dans les réalités palestiniennes, mais enrichi par les apports croisés avec la FSGT et les collectivités françaises partenaires.
Enfin, toutes ces rencontres ont une portée qui dépasse le sport : elles sont aussi des gestes de résistance collective, des moments de lien humain, où l’on tisse des solidarités interterritoriales, et on construit un avenir commun malgré les murs.
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